Date(s)

  • Juin 2016 – L'Entorse – Lille (FR)
  • 17 novembre 2007 – Scène nationale du Merlan, Stade Vélodrome, Marseille – France
  • 8 août 2006 – Festival Paris Quartier d’été, Stade du Parc des Princes, Paris – France

Vidéos

http://player.vimeo.com/video/13209104

Numéro 10

Numéro 10
Un projet de Massimo Furlan
Avec la participation de Didier Roustan et Michel Hidalgo
Création: Parc des Princes, Paris (16e), 8 août 2006 à 20h30.

La performance
On entre dans le stade vide, on voit sur le terrain un homme seul. Il porte le maillot de l’équipe de France. C’est le numéro 10. On entend les hymnes nationaux. Le français, et puis l’allemand. Le conteur est assis au milieu du public. Il nous raconte le match France-Allemagne, demi-finale de la coupe du monde de football 1982. Nous sommes à Séville, en Espagne. On entend la voix du commentateur sortir des petites radios que l’on a reçues en entrant dans le stade. C’est une voix connue que l’on rattache immédiatement au monde du football. La partie commence. Le petit homme bleu court sur le terrain, il est Michel Platini. Il refait consciencieusement toutes les courses, les gestes et les mimiques de Michel Platini ce soir-là. L’histoire recommence. Des gradins vides du stade, on entend les voix des spectateurs de 1982. Il y a des fantômes. Sur le terrain aussi. On revit et on se souvient de la partie. On est à nouveau submergés par les émotions et la dramaturgie sublime du match de 1982. Personne ne l’a oublié. On se reprend à rêver même si on connaît déjà l’histoire et sa fin tragique. Peu à peu on devient supporter, comme alors. On crie, on hurle, on chante, on devient acteur, on compense le vide par l’imaginaire. On y croit, on fait semblant d’y croire, jusqu’au bout, jusqu’à la chute.

Numero 10
Le numéro 10 est considéré comme l’artiste, le créateur d’une équipe, celui dont on attend l’invention, le coup de génie pour gagner le match. Le numéro 10 c’est le premier rôle.
Michel Platini, fils d’émigré italien, ne se pose pas la question de l’identité. Il est Français. Meneur de jeu à la Juventus de Turin, admiré par l’Italie entière, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, il a incarné en France le modèle, le rêve pour toute une génération de joueurs en culottes courtes.

Le match
Ce match a marqué la France entière, il est encore dans toutes les mémoires. Malgré la défaite et l’immense déception, il reste comme l’un des matchs les plus mythiques de l’équipe de France. Il est absolu, énorme. Il a la forme majeure de ce que l’on peut joueur en football : 120 minutes et les tirs au but au final. Une dramaturgie exceptionnelle, de l’action, du rêve, de l’espoir, et enfin une déception énorme. Cette partie est belle, rythmée, violente. Elle est dans toutes les mémoires. Un morceau d’histoire que l’on peut se raconter, ce match est enfin, pour Michel Platini, inoubliable : « A Séville, ce fut un match d’anthologie. Nous menons 3-1 contre une très belle formation allemande. Je crois que c’est le meilleur match de ma carrière. Celui qui restera gravé dans ma mémoire. Sur le plan du jeu, des émotions, du déroulement de la rencontre, l’agression de Schumacher, le penalty qui n’est pas sifflé… Jamais de ma vie je n’avais ressenti d’émotions aussi différentes et aussi fortes. »

Didier Roustan
La voix, le journaliste, le commentateur. C’est le conteur, celui qui à nouveau nous raconte ce récit, ce conte tragique. On connaît l’histoire, mais on se la fait raconter à nouveau. On connaît cette voix aussi. Le journaliste est placé au milieu du public. De lui viennent les mots qui servent au spectateur à projeter, reconstituer l’histoire.

L’interprète
Massimo Furlan. Un homme tout seul, au milieu du terrain, perdu dans un stade immense. Il porte le maillot de l’équipe de France, un maillot à la coupe vieillotte, le numéro 10. C’est l’artiste. Celui qui génère le rêve ou le cauchemar. Ce n’est pas un footballeur, cela se voit. Il court à droite et à gauche, tente désespérément d’incarner au plus juste la figure héroïque, Michel Platini. Il y a quelque chose de pathétique dans tout cela mais aussi d’émouvant. Burlesque. Le spectaculaire rejoint l’intime. L’individu est aux prises avec une tâche herculéenne. L’homme face à l’impossible. On est pourtant là devant la base même du jeu, de l’interprétation. L’acteur est l’incarnation du rôle, mais là on n’est pas au théâtre. Toutefois le lieu, le stade, devient une scène. Ce n’est pas une tragédie au sens classique qui se joue devant nous mais pourtant on rejoint les mécanismes, les racines mêmes de la tragédie antique.

Le stade
Le Parc des Princes comme lieu de représentation, lieu mythique, fortement lié à l’histoire de l’équipe de France des années 80. Espace grandiose. Lieu de rêve où l’on s’imagine figure héroïque, héros de la nation. Mettre le spectateur dans un lieu majestueux, spectaculaire, le laisser remplir les fauteuils vides avec son imaginaire, lui faire entendre les cris des spectateurs de 1982 en fond sonore, léger : des fantômes. Et le terrain, éclatant rectangle vert, lumineux. Presque vide, habité seulement par ce petit personnage bleu. Sinon rien. Le vide peuplé de fantômes, là aussi.

Soutiens:
La Loterie romande, l’Etat de Vaud, Pro Helvetia, la Ville de Lausanne

Une coproduction:
Festival Paris Quartier d’été, Paris